Et le coin couture fut

Au commencement était le berdol.
Bien tassé dans le coin, surchargeant une ex-table à langer, loin loin des yeux, au fond de la salle à manger, dans ce fameux coin impossible à aménager : entre 2 murs, sous une fenêtre, au-dessus d'un radiateur. Autant dire que la jolie table antique ne pouvait même pas s'y loger et pourtant c'était la seule qui avait la bonne taille.

Le cours de l'existence du berdol a connu ses hauts (table bien rangée, MÀC bien centrée, à peine quelques fils qui traînent par terre) et ses bas (table disparaissant sous des amas de trucs, trucs n'ayant surtout pas affaire avec la couture, MÀC disparue pour cause de pas-assez-de-place avec ces tas de trucs, donc couture sur la table à dîner, donc pas couture en fait hein.) La table à langer était venue à un moment fort opportun se glisser là-dedans, très pratique rapport qu'elle rentrait dans ce ?&%/* de coin ET n'était pas fragile (rayons du soleil dessus / chaleur du convecteur dessous)

Un jour, Dieu Dodinette se dit : Ça suffa comme ci, prenons les choses en main. Et elle dessina. Rata. Rayura. Crayonna. Calcula. Changea. Recalcula. Redessina. Affina. Rerecalcula. Et passa commande de boa bois.

Et la lumière fut.
Car après 1 jour et 1 soirée passés à bricolailler, d'abord par terre dans la cuisine (grand moment de solitude quand la voisine vient récupérer ses filles en croyant naïvement que je m'en occupais) (enfin... non elle est plus si naïve que ça en fait), puis sur les tréteaux dans la véranda (mon dos me remercie), à visser, à serrer, à scier, à dévisser, à rescier, à raboter, à niveauàbulliser, à revisser, à reserrer, à vérifier, à sacrer, à finir par se dire que ça va bien aller comme ça,
après des changements de dernière minute dans les calculs qui m'amenèrent au bord de prendre la camisole de force rapport que la *?$/(% table avait très exactement 1,5 cm de trop pour le fameux &%/$"( coin,
après avoir béni les réunions de chéri qui l'amenaient à l'extérieur de l'appartement qui me permettaient de finir le tout en m'énervant certes, mais sans énerver l'homme de la maison en même temps,
La Table À Couture naquit.



Table à couture qui me permet de jouer l'adjudant-chef dans toute sa splendeur puisque je suis optimalement placée pour surveiller toutes les allées et venues dans mon jardin, allées et venues qui, convenons-en, sont relativement fort nombreuses en ces chaudes journées.
Adjudant-chef.
Ou alors technicienne de vente des billets à la SNCF, surtout quand la fenêtre à guillotine est ouverte et que chéri, posté à la place de la jeune fille en jaune en train de bouffer un biscuit, là, s'amuse à me demander un aller simple pour Vesoul.


Et moua, maintenant, j'ai MON coin couture, où que ma MÀC reste en place, mes ciseaux loin des mains entreprenantes, et enclavée comme je le suis dans ce coin et derrière la porte de la cuisine qui me retombe tout le temps sur la yeule, j'ai une jolie vue et mes petites affaires bien en ordre.

Aaaahem.

Si si. En ordre.

J'ai dit.

(manque plus que 2 planches-étagères et une pitite lampe pour mes yeux fatigués)

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Pour les aspects techniques :
- planches de pin brut,
- équerres et plats de métal (beaucoup),
- vis à bois (encore plus)
Les pieds sont des 2" x 2" de pin aussi, tenus en haut par un tablier, et au milieu par d'autres 2" x 2" pour éviter l'effet "ma table danse quand je m'appuie dessus".
Pour l'instant c'est pas verni, mais je me demande si je vais le faire un jour en fait. On verra à l'usage.